Maryvonne et René Gaudart ont publié aux éditions JPO le livre Pilotes du Normandie-Niemen, journal de Roger Penverne dans l’Armée rouge en 2016, d’après les carnets laissés par leur oncle, qui était l’ailier et l’ami de Jacques André. C’est donc via cette parenté qu’ils ont été conduits à rédiger cette double biographie, celle du père Georges dit Géo, et celle du fils Jacques. Outre la filiation, ils avaient en commun d’être des athlètes et des aviateurs. On peut raisonnablement indiquer que Géo André fut plus un athlète qu’un aviateur, et Jacques plus un aviateur qu’un athlète, y compris et surtout en terme de palmarès et donc de reconnaissance publique.
Nous sommes ici en présence d’un imposant volume de 388 pages, avec un récit logiquement chronologique et qui commence par la carrière sportive de Géo André, ses études techniques qui l’amèneront au pilotage des aéroplanes, son engagement dans la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il est rapidement capturé, sa captivité en Allemagne, son évasion et son retour en France, son transfert dans l’aviation militaire, puis l’Entre-deux-guerres, ses compétitions sportives et son fabuleux palmarès, la suite de sa riche carrière professionnelle, jusqu’à son décès, les armes à la main en 1943 devant Tunis. Une deuxième partie est évidemment consacrée au fils, dont le parcours sportif est plus court, et la vie de pilote de chasse plus dense, culminant avec son passage au Normandie-Niemen, dont il devient l’un des as. Il est l’un des quatre pilotes du régiment à accéder au glorieux titre de « Héros de l’Union Soviétique ».
Malheureusement, le récit biographique est constamment dilué dans des informations connexes, transformant souvent l’exercice en un véritable almanach des sports, avec une pléthore de résultats de compétitions sportives qui finit par lasser. De nombreux éléments sont répétés, les auteurs tentant absolument de convaincre leurs lecteurs, mais les arguments sont souvent identiques, simplement exprimés autrement, parfois sans aucun vrai fondement. Ainsi, la biographie vire souvent à l’hagiographie.
Certaines phrases montrent beaucoup de candeur : « Il n’existe aucune véritable biographie, ni sur Géo André, ni sur Jacques André. Seulement les courts textes suivants, essentiellement sur Internet : […] Wikipédia […] page 383 ». Cela devrait justement être l’intérêt de ce livre que de pallier cette absence. On peut trouver étrange dans une biographie que les auteurs s’interrogent sur l’affectation du pilote en 1918 « Entre les deux, a-t-il fait deux mois d’entraînement ou est-il passé en unité combattante ? » (page 91).
Si par endroits on est noyé de résultats sportifs, on ignore tout de la vie des sujets en dehors des stades. On apprend que Géo André est marié seulement quand son épouse décède ! Quand s’est-il marié ? Où réside-t-il ? Qui sont ses amis ? Concernant Jacques, là encore les auteurs se sont essentiellement basés sur des sources publiées, dont certains passages semblent avoir été recopiés à l’identique. Aucune tentative d’analyse critique de son palmarès n’est tentée. Elle n’aurait en rien terni l’aura de cet As.
Des illustrations en noir & blanc, peu nombreuses au regard de la pagination, complètent les biographies, mais là encore, peu de photos intimes de cette famille, ce qui aurait été plus intéressant que des clichés passe-partout du front de l’Est. On évoque des statues de Géo André, mais on n’en voit aucune photographie, par exemple. Les photos sont disséminées dans le corps du texte, parfois en décalage, et donc ne peuvent pas toutes être mises en valeur par une impression sur un papier de qualité.
Si elle avait été plus resserrée sur les deux sujets étudiés, et davantage creusée au niveau des détails, cette double biographie aurait constitué un apport indéniable à toute bibliothèque consacrée aux aviateurs et ou des sportifs du XXe siècle.
Jocelyn Leclercq
388 pages, 15,3 x 24 cm, couverture souple
0,600 kg