Coup de cœur 2020 |
On pourrait se demander ce que fait ce livre dans l’Aérobibliothèque. Sa substance, c’est le secours en haute montagne, vu de l’intérieur par un gendarme de PGHM* … Quelle est la place qu’y tient notre chère troisième dimension ?
Depuis les balbutiements du sauvetage en haute montagne durant les années cinquante, ce domaine a énormément évolué. D’abord parce que les moyens techniques utilisés se sont eux-mêmes développés de manière spectaculaire, car le sauvetage en montagne est très technique. La place qu’y prend l’hélicoptère est centrale. Lui seul permet, grâce en particulier à cette invention géniale qu’est le treuil embarqué, d’acheminer des équipes de secours médicalisé en quelques minutes sur les points les plus inaccessibles de nos massifs montagneux. Lui seul permet de ramener très vite tout le monde, victimes ET sauveteurs, et de limiter à « l’acceptable » l’exposition des sauveteurs aux dangers omniprésents de la haute montagne. En France, ce moyen exceptionnel entre les mains de professionnels de haut niveau a longtemps été l’Alouette III. Aujourd’hui, c’est l’EC 145. Et dans ce livre il est très présent, dans le détail d’un récit comme entre les lignes. C’est un utilisateur quotidien de l’hélicoptère, qui raconte son métier…
Sauveteur mais aussi enquêteur, car il y a nécessité de comprendre, l’auteur nous fait donc partager quelques-uns des sauvetages les plus marquants auxquels il a participé. Des moments qu’il vit et qu’il questionne. Il nous les raconte simplement, avec sa belle sensibilité, et avec une humilité qui impose le respect. Ceux qui ont eu le privilège de côtoyer des sauveteurs en haute montagne savent que l’humilité est chez eux une sorte de ligne de vie.
Mais François Nicard sait aussi raconter, c’est évident dès les premières lignes. Peut-être parce qu’il aime cette montagne, et qu’il aime ce métier. Le livre se lit avec une grande facilité, on s’y installe vite, et l’on n’a pas envie d’en sortir. Il est presque trop court ! Il faut dire, aussi, que l’auteur marche sur les pas de son père, lui-même gendarme au PGHM* de Chamonix. Il sait doublement ce que veut dire ce métier pas comme les autres dans la vie d’un homme.
Que dire de plus… On a vu ces dernières années bien des ouvrages sur ce même sujet. Mais s’il en est un qu’il ne faut pas rater, c’est celui-ci.
Philippe Boulay
162 pages, 14 x 22,5 cm, broché
0,230 kg
* PGHM : Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne