Ce Jodel 112 a vraiment une belle plume ! C’est en effet par le biais de la personnification que le récit de ces « Nouveaux horizons » nous est fait. Le petit biplace n’est pas fait pour les figures de voltige, mais on constate qu’il est à l’aise pour les figures de style.
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme, qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? » demandait Lamartine.
Ça y est ! Nous avons la réponse. Il est au moins un avion qui a une âme, et nous ne parlons pas de celle du longeron de son aile. Ce D112 nous raconte sa vie, ses copains de hangars et sa rencontre avec « sa petite brunette », Carotte, ou Caroline Roberget-Mathon pour l’état-civil. D’autres personnages remarquables viennent se greffer au fil du texte, amitiés de clubs ou amours aéronautiques ? Qui sait ? Voler et convoler ? Nous n’allons pas divulgâcher un suspense soutenu au fil de plusieurs chapitres…
Dans un texte aux descriptions panoramiques très recherchées, ses paysages ont souvent la beauté (d’un train) classique, on botanise avec « Juliet-November » (1), on explore de nombreux aérodromes languedociens, pyrénéens et aquitains, on se balade dans tous les coins de France, et aussi dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest (Espagne, Italie, Allemagne, Suisse, Italie, Grande-Bretagne, Irlande…), d’Europe Centrale et de Scandinavie, on pratique le vol montagne, on vole beaucoup, on vibre avec les personnages et avec les machines, souvent anciennes ou de collection, voisines de hangar ou de tarmac (2). On se hisse dans tous les cieux, le septième notamment, pour y grimper. Ce Jodel est même un amateur de musique française et anglo-saxonne, et sait reconnaître les chansons que sa pilote a toujours à la bouche.
L’avantage d’avoir un copain-Jodel pour raconter une histoire, c’est qu’on peut le laisser partir dans des envolées lyriques, romantiques et sentimentales sans que personne ne puisse être taxé de mièvrerie. Certes, il n’est pas de bois et, pour la seconde moitié de l’ouvrage, on pourrait toutefois ajouter à la bande-son une célèbre chanson d’Anaïs Croze… (3)
Mais, après tout, n’est-ce-pas ce qu’on demande à un Jodel, que d’avoir de belles envolées ?
« Si seulement, nous, les avions, nous pouvions parler aux humains. Nous aurions tant de chose à leur dire… »
Jean-Noël Violette
1) Immatriculation de choix !