On peut débattre à l’envi quant à « l’authentique naissance » de l’aviation. Si Clément Ader avait (ou aurait hypothétiquement) pu faire effectivement décoller son Éole en 1890, si les frères Wright ont effectivement fait voler (sur une très courte distance) en ligne droite leur Flyer en décembre 1903, une date majeure de l’histoire de l’aviation demeure le 13 janvier 1908. Faire voler un aéroplane, c’était bien ; le piloter pour lui permettre de revenir à son point de départ marquait le véritable départ de l’aéronautique. Tous les amateurs d’histoire de l’aviation connaissent cette date comme étant celle où Henri Farman bouclait un circuit fermé sur un appareil conçu et élaboré par les frères Voisin. Cette bouillonnante aventure aéronautique ne dura que dix années, Gabriel Voisin abandonnant à la fin de la Première Guerre mondiale l’aviation pour se consacrer essentiellement à l’automobile*, et ce de façon plus durable.
On devait à Henri Lacaze une brillante étude en deux volumes sur les avions Breguet. Il récidive avec un ouvrage où l’on retrouve son souci de cohérence et de recherche du détail. Un court chapitre résumant la geste aéronautique Voisin, on passe à une évocation des cerfs-volants cellulaires et des planeurs qui seront des prémices de l’aviation motorisée. Les frères Voisin ne furent pas aussitôt des concepteurs-constructeurs d’aéroplanes à moteur : ils fabriquèrent des appareils conçus par d’autres (dont Blériot) : il fallait bien vivre ! En cette époque où toutes les pistes étaient explorées sortirent des ateliers Voisin dirigeables, ornithoptère, hydravions, triplans… Le chapitre suivant est consacré aux cellulaires. Puis suivent Essais tous azimuts, Les bombardiers et Pendant les hostilités l’imagination continue. On est fasciné par le chapelet d’appareils différents qui virent le jour chez Voisin pendant cette brève décennie. Étourdissant et passionnant ! Cela pourrait s’arrêter en 1918, mais l’auteur nous gratifie d’un chapitre sur les automobiles Voisin où là encore Gabriel Voisin a laissé libre cours à son imagination féconde. Nous avons ensuite droit à quelques pages sur les moteurs Voisin (dont un projet en étoile à 42 cylindres !) Le dessert ? Jusqu’à son décès en 1973 à 93 ans, l’infatigable et imaginatif Gabriel Voisin dessinait des projets d’avions (souvent chimériques).
Difficile de ne pas être plus que satisfait par le fruit du travail d’Henri Lacaze, toujours aussi prospecteur d’informations enfouies. L’ouvrage est fort bien organisé, de façon claire, et le texte est accompagné de très nombreuses illustrations fort bien reproduites et souvent inédites. Nous ne reviendrons pas sur les qualités de mise en page, d’impression, de choix du papier et de façonnage qui sont monnaie courantes chez Lela Presse. Ce livre est vendu 38 € : affirmer qu’il les vaut largement est un euphémisme.
Philippe Ballarini
176 pages, A4, relié
environ 600 photos et plans
0,946 kg
– Collection Histoire de l’aviation N°39
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