Autant que celle de la traversée de la Manche, 1909 est l’année des premiers grands meetings qui rendent définitivement visible l’aviation aux yeux du grand public, événements extraordinairement populaires qui en appellent de nombreux autres à travers toute l’Europe en 1910.
Si les participants des premières manifestations préfèrent prudemment les rejoindre par la route et le chemin de fer, la témérité des pilotes croissant aussi vite que les progrès techniques, on les voit bientôt arriver par la voie des airs, arrivée qui est déjà un spectacle en lui-même. Pourquoi ne pas faire de ce ralliement une compétition, la question vient probablement immédiatement à l’esprit de bien des organisateurs, mais c’est le quotidien à grand tirage « Le Matin » qui le premier concrétise l’idée, en organisant au cours du mois d’août 1910 un « Circuit de l’Est » – entendons de « l’est de la France ».
Tout concourt à choisir le quart nord-est du pays: c’est la région la plus peuplée et la plus industrielle, mais c’est aussi bien sûr un geste significatif à l’égard de l’Allemagne que de longer la frontière des provinces perdues…
Trente cinq concurrents s’inscrivent, quinze se présentent au départ et deux pilotes restent en lice pour la victoire finale lors de la dernière étape, résumé éloquent de l’état encore balbutiant de l’aviation en cette année 1910 ! Mais pour garantir le spectacle aux différentes escales, les pilotes disqualifiés pour être arrivés trop tard lors des étapes précédentes sont autorisés à continuer d’accompagner la course – tant que leur appareil le veut bien, escortés par plusieurs pilotes militaires ; ces derniers ne sont pas autorisés à participer à la compétition, mais les responsables de la jeune aéronautique militaire y voient l’occasion de réaliser de longs vols en profitant des terrains aménagés pour la course.
Tel est le sujet de l’ouvrage écrit et publié par Alain Lefebvre.
Le nombre de livres autoédités que reçoit l’Aérobibliothèque ne faiblit pas, ouvrages dont la qualité est éminemment variable, mais celui-ci se trouve assurément dans le « haut du panier ».
Comme on peut s’y attendre pour un compétition organisée par un journal, la plupart des articles publiés lors de la course sont reproduits ici, mais cet ensemble ne forme qu’un matrice au travail personnel de l’auteur qui complète utilement la prose de l’époque, le récit chronologique de l’épreuve étant précédé d’une présentation générale de son contexte, des concurrents et de leurs machines.
Alain Lefebvre n’a certes pas l’ambition d’avoir publié un travail de synthèse sur l’histoire des courses et meetings des années qui précèdent la Grande Guerre, mais il donne ici une image juste et assez précise des événements, d’autant que l’iconographie est particulièrement soignée, pourtant composée largement de cartes postales, mais bien reproduites et de bonne taille. On pourra bien sûr regretter une fois de plus que les conditions d’édition d’un tel ouvrage n’aient pas donné à l’auteur les moyens financiers pour accéder aux collections publiques, mais c’est ici un inconvénient mineur dans la mesure où l’importance de l’événement s’est traduit par la commercialisation de très nombreux clichés de très bonne qualité.
Tout cela fait de ce livre un excellent témoignage de l’atmosphère qui a pu entourer ces premières grandes manifestations aéronautiques.
Pierre-François Mary
320 pages en couleur, sur papier glacé
21 x 29,7 cm couverture souple
Plus de 250 photographies, reproductions de cartes postales, de revues et
de documents originaux d’époque
Avec l’aimable autorisation d’
Alain Lefebvre
Avec l’aimable autorisation d’
Alain Lefebvre
Avec l’aimable autorisation d’
Alain Lefebvre