Voici l’histoire mémorable d’une des pages les plus glorieuses de la conquête de l’air qui poussa l’homme à la limite de son art d’aérostier et d’aviateur, pour relier au ras des flots Calais à Douvres, l’Angleterre à la France, distantes de quelques kilomètres seulement. Alors que la montgolfière de Jean-François Pilâtre de Rozier et de François Laurent, marquis d’Arlandes, vient tout juste de prendre librement son envol en 1783, ou que Wilbur Wright a décollé depuis six ans seulement son Flyer 1, en 1903, l’idée de relever un pareil défi est déjà dans toutes les têtes. Mais qui sera le premier à affronter victorieusement les vagues de la Manche, dont l’histoire d’une aéronautique alors naissante se souviendra pour toujours ? Le challenge des aéroplanes est richement primé par la maison de champagne Ruinart et par le quotidien britannique Daily Mail, ce qui accroît l’intérêt qu’on lui porte, car voler est une activité coûteuse, réservée à une certaine élite fortunée ou aux seuls passionnés capables de trouver un généreux sponsor.
En ballon, c’est un équipage franco-britannique, composé de Jean Pierre Blanchard et du Docteur Jeffries, qui gagne le pompon, le 7 janvier 1785, dans le sens nord-sud, de Douvres à Calais, alors que le précurseur Pilâtre de Rozier, aligné lui aussi dans l’épreuve, y perd la vie, condamné à réussir par ses créanciers.
En avion, Louis Blériot réussit à traverser le Pas-de-Calais sur son Blériot XI, alors qu’Hubert Latham s’y essaie sans succès depuis quelques temps déjà, à chaque fois victime d’une panne moteur de son Antoinette. Blériot a réalisé un magnifique vol quelque peu hasardeux, à 80 mètres d’altitude, jusqu’aux blanches falaises de Douvres où il casse son avion à l’atterrissage et sauve son entreprise d’une faillite annoncée. À lui gloire et fortune !
Le livre passionnant d’Albéric de Palmaert, qui s’appuie sur de nombreux témoignages et articles de presse relatant des exploits qui fascinèrent les foules, ne s’arrête pas à ces victoires si marquantes, sacrant les plus téméraires ou les plus originaux comme Sam Cody, qui fit traverser son esquif tiré par un cerf-volant, en 1903. Il décrit aussi de nombreuses autres tentatives réussies ou pas, souvent trempées dans l’eau froide de la Manche, et où se révélèrent des personnages hors du commun, comme Adrienne Bolland qui réalisa la traversée de la Manche puis de la cordillère des Andes la même année 1920.
Ce récit si bien écrit, par un expert aéronautique, retrace la véritable épopée des plus lourds et des plus légers que l’air, au temps des pionniers. Les vraies rivalités des aérostiers et des pilotes et leurs affrontements souvent amicaux pour plus haut, plus loin, plus vite, donnent lieu à de multiples anecdotes ponctuées d’exploits et de drames sans lesquels l’aviation n’aurait pas pu progresser si vite et devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Ce livre passionnant d’une aventure d’hommes et de femmes souvent jeunes, courageux, passionnés et admirables, épris de record et d’espace, salue opportunément le centenaire de la traversée de la Manche par Louis Blériot, le 25 juillet 1909. À lire absolument !
Richard Feeser
300 pages, 15 x 24 cm, broché
2 cahiers photos de 8 pages