Le Trait d’Union poursuit son exploration du passé de l’armée de l’Air en Algérie. Après une unité d’appui-feu (l’EALA 2/2), voilà une unité de chasse : l’Escadron de chasse « Oranie » (1/6 puis 3/20). On peut espérer que, sur cette lancée, soient ensuite traités un escadron d’hélicoptères, un groupe saharien ou encore une escadrille de liaison et d’observation, tant ces sujets ont été peu ou pas couverts.
Le contenu de ce fascicule est extrait des travaux que Sébastien Guillemin avait déjà co-publiés d’une part dans l’ouvrage « Vampire et Mistral français » (Lela Presse, 2020) et d’autre part dans sa monographie « les Skyraider français » (Lela Presse, 2012).
A l’instar du hors-série précédent, on a affaire à un contenu particulièrement dense, tant au niveau du texte que de l’iconographie. Les journaux des marches et opérations ont été là encore systématiquement exploités. La trame de fond chronologique est par ailleurs largement émaillée de nombreux récits des acteurs de l’époque, que ce soit sur Vampire ou sur Skyraider, des relations qui rendent vivante la succession des événements de l’unité. On remarquera d’ailleurs celle du sous-lieutenant Michel Forget (page 23), futur général et patron de la Force aérienne tactique des années 80. L’illustration du texte est à l’avenant : les photos, dont une bonne part en couleurs, couvrent bien les douze ans d’activité en AFN. Vampire et Skyraider sont largement présents, mais le personnel n’est pas oublié, loin s’en faut. Enfin, les cinq profils très fouillés de Patrice Gaubert, disposés à l’italienne et mesurant ainsi plus de 25 cm, raviront sûrement les maquettistes. Pour les spotters inconditionnels, pas moins de huit pages contiennent les numéros et immatriculations portées par les montures de l’ « Oranie », informations attestées par des dates précises. Quatre pages relatives aux traditions complètent le tout, rappelant le passé (et le présent) des escadrilles SPA 12 et SPA 96. Quelques petites imperfections de mise en page ont toutefois échappé à la dernière relecture (une photo qui empiète sur le texte page 60, une fin de texte curieuse page 31 …), mais l’ensemble est agréable à parcourir, à lire et à compulser. La seule réserve qu’on puisse émettre au sujet de cet ouvrage réside dans la période couverte. A la dissolution du 3/20 en 1964, personnel et matériel vont former l’Escadron d’appui aérien 2/21 qui œuvrera à Madagascar jusqu’en 1973, toujours sur Skyraider porteurs de la tête de gaulois de la SPA 96. Même si l’histoire du 2/21 sort du cadre des unités d’Afrique du nord (d’autant que cet EAA ne reprendra pas le nom de tradition « Oranie »), il aurait été utile de lui consacrer ne serait-ce qu’un encart, tant la filiation opérationnelle était évidente.
Au final, on ne peut à nouveau que saluer l’existence d’un tel ouvrage bénéficiant d’un excellent rapport qualité/prix et qui devrait satisfaire les anciens, les historiens, les amateurs d’histoire d’une l’armée de l’Air encore méconnue, celle qui a combattu en Algérie.
Bernard Palmieri