Coup de cœur 2004 |
Ouvrage épuisé
Dans la nuit du 18 au 19 juin 1940, plus de cent personnes embarquaient à Douarnenez sur le langoustier Le Trébouliste à destination du Royaume-Uni. À son bord pour 42 heures de mer, toute l’école de pilotage du Mans, moniteurs compris, qui s’était repliée à Morlaix en raison de l’avance des armées allemandes. La quasi-totalité de ces hommes continueront le combat, figurant parmi les premiers éléments des futures Forces Aériennes de la France Libre.
Le sergent-chef Hauchemaille, moniteur de l’école, laisse sur le continent sa femme Bernadette qu’il chérit, et combattra dans les rangs des FAFL. Dès son départ, Marc Hauchemaille, conscient des risques qu’il encourt, entame la rédaction de son carnet, forme de journal qu’il destine à sa femme, et qui demeurera comme un précieux témoignage. Ailier du capitaine Dupérier, il disparaîtra dans la Manche lors d’un combat aérien à bord de son Spitfire le 27 avril 1942.
Ce document demeurera soigneusement préservé par Bernadette Hauchemaille pendant près de soixante ans. Philippe Chéron en a assuré la transcription fidèle. Il est difficile d’éviter un évident parallèle avec Les carnets du commandant Mouchotte. Dans un texte à la fois sensible, où il laisse volontiers transparaître ses espoirs, ses colères, ses désarrois et ses bonheurs, Marc Hauchemaille nous a laissé un témoignage de première force. Sans concession aucune ni faux-fuyant, avec en toile de fond son amour pour sa « petite Nadette », ce livre nous paraît indispensable pour qui s’intéresse aux ailes militaires françaises et à leurs aléas.
Philippe Chéron s’est montré d’une rigueur toute historienne, enrichissant le texte originel de plus de 280 notes de bas de page, d’une iconographie choisie, et d’une dizaine d’annexes précieuses (biographie, le choix de la France libre, le Trébouliste, Hauchemaille vu par ceux qui l’ont connu…), dont un texte de Madame Claude d’Abzac-Epezy.
L’éditeur Petit à Petit est connu pour le soin qu’il apporte à la mise en page, à l’esthétique et à la qualité de ses productions. Avec Bonsoir Nadette, il n’a pas failli : sans doute le plus bel hommage qu’on puisse rendre à un de ceux qui ont fait le choix de quitter leur bien-aimée pour continuer le combat au péril de leur vie.
Sans conteste, un livre-événement.
Philippe Ballarini
328 pages, 150 photos, noir et blanc et couleur.
– Coup de cœur Aérobibliothèque 2004.
– Télécharger de larges extraits de Bonsoir Nadette(35 pages, format pdf, 690 ko).