Au préalable, je me dois d’informer les aérobiblionautes du contexte dans lequel j’ai établi la recension de cet ouvrage. Quelques jours auparavant, le « rédac chef » m’avait confié la lecture et la critique du Amelia de Bernard Marck. Je venais d’en terminer la recension quand il m’a demandé si l’Amelia Earhart de Jennifer Lesieur m’intéressait. La biographie d’une femme rédigée par une autre femme, c’était tentant, d’autant plus que j’espérais trouver la réponse à une question restée en suspens après avoir lu le précédent ouvrage : quelle femme se cachait véritablement derrière l’aviatrice, avide de records et d’exploits ?
C’est donc avec plaisir que j’ai débuté la lecture du livre de Jennifer Lesieur. Le premier chapitre intitulé Nuages me ravit. Je suis dans le cockpit en compagnie d’une Amelia Earhart à bout de souffle, les yeux rougis de fatigue à force de scruter l’horizon. Elle est sur le point de terminer sa traversée en solitaire de l’Atlantique. Le récit, le spectacle sont magnifiques et poignants, décrits dans un style de qualité supérieure, flirtant quelquefois avec la poésie.
Assurément, Jennifer Lesieur maîtrise parfaitement la technique de l’écriture et l’art d’appâter le lecteur ! Une superbe attaque qui sent déjà le coup de cœur. Hélas, tout s’écroule avec le contenu des autres chapitres. Finalement, j’ai affaire à une biographie « standard », rédigée selon la chronologie des événements, arbre généalogique compris. De plus, l’auteur relate les exploits réalisés par Amelia Earhart dans une écriture totalement différente. Exit les effets de style et la poésie jusqu’à l’épilogue de trois pages, au cours duquel ils reviennent en force.
Que dire de cet ouvrage sinon qu’il n’apporte guère de neuf à la littérature produite sur cette Américaine. Amère déception : je n’ai pas trouvé la femme qui se cachait derrière l’aviatrice accomplie. J’aurais apprécié quelques indices, quelques détails qui puissent me conforter dans l’idée que ce personnage qui, tout au long de sa vie, a vécu, réfléchi et agi comme un homme, était bien du sexe féminin.
Pratique dans son format livre de poche, cette biographie se glisse aisément dans un sac à main ou dans la poche arrière d’un jean. Elle satisfera, dans un premier temps, le lecteur désireux de connaître en condensé la vie d’une aviatrice dont il a entendu le nom au détour d’une conversation. Enfin, un petit mot à l’attention de Jennifer Lesieur, car je ne voudrais pas qu’elle me tienne rigueur pour cette recension rédigée sur le vif. Si je n’avais pas eu entre les mains le « pavé » de Bernard Marck avant de recevoir la biographie, son Amelia Earhart aurait sans doute bénéficié d’un traitement plus flatteur.
Corinne Micelli
200 pages, 12 x 19 cm, couverture souple