En fait, ce qui surprend de prime abord avec ce livre, c’est le format de celui-ci. Heimdal oriente habituellement sa ligne éditoriale sur trois thèmes porteurs : le Débarquement en Normandie, les Panzerdivisionen, et un peu également la campagne de France, le plus souvent dans des ouvrages en grand format. Les livres « aéro » restent rares et on peut féliciter l’éditeur de se pencher de plus en plus sur ce créneau. L’auteur est un habitué de cette maison d’édition, car son livre précédent Jacques-Henri Schloesing, Itinéraire d’un Français Libre, avait été réédité dans une présentation différente suite à la cessation d’activité des Éditions Esprit du Livre.
Son nouvel ouvrage raconte le parcours de deux aviateurs Français Libres qui furent abattus lors de la même mission le 17 avril 1943. Claude Raoul-Duval et Philippe Béraud appartenaient au Groupe Alsace, squadron 341 dans la RAF. L’un se parachutera et rejoindra de nouveau la Grande-Bretagne après un rocambolesque parcours, alors que le second, tué à bord de son Spitfire, sera enterré anonymement avant qu’après guerre, Germaine l’Herbier Montagnon et les IPSA permettent qu’il trouve une sépulture digne, à la hauteur de son sacrifice.
Pour rédiger son livre, l’auteur s’est servi des meilleures sources. Claude Raoul-Duval avait eu la bonne idée en 1974 de raconter une partie de son parcours dans l’excellent « Ciel de Sable ». On pouvait regretter que celui-ci s’arrête brusquement à l’arrivée du groupe de chasse Alsace en Grande-Bretagne à son retour du Moyen-Orient. La suite devait sans doute être consignée dans les archives de Claude Raoul-Duval et c’est celle-ci qui est rapportée sur les 60 pages que compte la partie consacrée à ce pilote.
Le parcours de Philippe Béraud n’était pas inconnu, car en 1990 sa famille avait eu l’idée de publier un opuscule monté avec les courriers que l’aviateur avait échangés avec sa famille et sa marraine. Un an plus tard, dans la revue Icare n°138, Henry Lafont avait raconté le chemin qu’avait suivi son camarade Philippe.
Finalement, plus de 70 ans après les faits, comme pour Jacques-Henri Schloesing, Patrick Collet a — par relations — pu contacter les familles de ces FAFL et ainsi pouvoir intégrer ces témoignages de première main pour écrire ce livre. Sa plume facile rend le texte aisé à lire, qu’il a illustré de photos d’objets et autres documents qui appartenaient à ces deux aviateurs. Plus particulièrement dans le récit consacré à Philippe Béraud, des notes de bas de page viennent éclairer les courriers qu’il avait échangés avec son amie pour aider à comprendre expressions, lieux ou personnages.
Néanmoins on peut regretter l’absence d’une sérieuse relecture pour corriger des inexactitudes, fautes dans les noms propres ou mauvaises identifications dans les légendes. L’auteur n’étant pas un spécialiste en aviation, il n’insiste pas beaucoup non plus sur les avions utilisés et encore moins ne cherche à donner les numéros de série de ces appareils. On peut noter l’absence des États de Service de chacun des pilotes et on ne sait pas dans quels écoles (n° d’OTU, de stages ou dates) ils ont été entraînés et c’est à peine survolé en trois lignes.
On peut compléter la note de bas de page n°27 de la page 142 avec le nom du sergent Robert Coly. Mais aussi, les élèves de l’École de Chasse n°3 d’Avord ont bel et bien rejoint la base de la Rochelle-La Jarne fin mai 1940 et Paul Hubidos (annexe III, page 181) s’est entraîné depuis ce terrain de Charente-Maritime.
Parmi les annexes, on relève 30 pages du journal de Marche du Groupe « Alsace » (n°341 squadron) écrite lors de sa création début 1943 et initialement détenue par l’Escadron de Chasse 1/30 « Alsace ». Ce magnifique document a été reversé au Service Historique de la Défense au moment de la mise en sommeil de l’unité le 27 juin 2008.
Bertrand Hugot
224 pages, 17 x 25 cm, couverture souple
NDLR : Patrick Collet est également l’auteur de Itinéraire d’un Français Libre, Jacques-Henri Schloesing (Esprit du Livre/Heimdal), coup de cœur 2010.