Moins connue que Lucie Aubrac, Marie-Madeleine Fourcade, Gilberte Tillion ou Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Nancy Wake fut pourtant l’une des figures les plus importantes de la Résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale. Sa famille quitte la Nouvelle-Zélande en 1914 pour l’Australie quand elle a deux ans. Orpheline de père très rapidement et se sentant rejetée par sa mère, elle fugue à seize ans pour devenir infirmière. Un héritage inattendu lui permet de rejoindre les États-Unis et la Grande-Bretagne où elle se lance dans le journalisme. Elle se fixe à Paris début des années trente et devient correspondante européenne du groupe de presse américain Hearst. Dans ce cadre, elle rencontre le sinistre chancelier du Reich en 1933 et assiste aux persécutions antisémites, scènes qui seront le détonateur de son engagement futur dans la Résistance de la France occupée.
Dès lors, sa vie devient une véritable épopée homérique, réalisant des exploits dignes d’un James Bond en jupon. D’abord courrier dans le réseau d’évasion Pat O’Leary, elle parvient à s’échapper pour l’Angleterre via l’Espagne dès l’arrestation de son mari par la Gestapo. Sa candidature est rejetée par la France Libre à Londres qui n’accepte que les infirmières. Elle est finalement recrutée par le SOE (Special Operations Executive) qui s’intéresse à son parcours. Après un entraînement intensif en Ecosse, elle est parachutée en Auvergne avec son « radio » fin avril 1944. Le capitaine Nancy Wake est chargée d’organiser la réception des armes et de former les maquisards pour le soulèvement armé en vue de l’opération Overlord.
Voilà donc le synopsis de la biographie d’une femme intrépide et courageuse que la Gestapo, impuissante à la capturer, inscrivit sur sa liste rouge sous le sobriquet de « Souris blanche ». Titulaire d’une dizaine de médailles — dont la George Cross — Nancy Wake fut la Résistante la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale.
Malgré une écriture qui manque un peu d’épaisseur et un premier chapitre (Marseille 1943) décevant — cette biographie (sous une forme un peu romancée) retrace une période de la vie mondaine de madame Nancy Fiocca, née Wake, au cours de laquelle l’argent, le champagne et le caviar coulent à flots en pleine Occupation — cet ouvrage s’engloutit d’un seul trait à partir de la page 107. En gardant à l’esprit que ce Libération d’Imogen Kealey doit faire l’objet d’une adaptation cinématographique, laissons aux lecteurs le soin de découvrir les tribulations de cette femme héroïque et attribuons-lui la note de « 12 ! Excellent », selon l’expression couramment utilisée dans l’armée de l’Air à l’intention des élèves-pilotes.
Corinne Micelli
384 pages, 16 x 23,5 cm, broché
0,590 kg
Traduction de l’anglais par Carole Delporte
NDLA : En 1999, un astéroïde a été baptisé Wake en hommage à son courage.