Vu le titre de la chronique, on aurait pu s’interroger sur l’existence d’un sixième volume de la chronique consacrée à la Jagdgeschwader 2 « Richthofen ». L’auteur et chercheur belge Erik Mombeeck avait expliqué que le départ de France fin août 1944 ne serait pas la fin de l’histoire de la JG 2.
Six chapitres composent l’ouvrage : Retour dans le Reich, l’offensive des Ardennes, l’opération Bodenplatte, le bateau coule, le pont de Remagen et pour finir la débâcle, bien évidemment selon une chronologie évidente. Du point de vue du matériel volant, l’histoire de la JG 2 est marquée par l’entrée en service du Focke-Wulf 190 D-9, appareil aux excellentes performances, mais en butte à la constante supériorité numérique des alliés.
Ce qui frappe, c’est le terrible taux de perte de ces pilotes, quelques anciens, de plus en plus rare, et des jeunes sans beaucoup d’heures de vol. On comprend alors mieux les palmarès élevés des as alliés en ces derniers mois du conflit. Comme à son habitude, Erik Mombeeck donne dans des encadrés journaliers, dans le fil de son récit, les revendications de victoires, qu’il n’hésite pas à contester au besoin, ou à faire correspondre à des pertes du camp d’en face, surtout américain, et le listing des pertes de la JG 2 est relégué en fin d’ouvrage.
Un épilogue d’une page est l’occasion pour lui d’un bilan introspectif sur des décennies de recherches et de rencontres.
L’annexe 1 donne l’organigramme des unités constituantes de la JG 2, avec les commandants et dates, sur 4 pages et l’annexe 2 composée de 16 pages indique les pertes connues de l’escadre de septembre 1944 à mai 1945. Il est surprenant d’apprendre dans le corps du texte que de nombreux pilotes perdus en 1945 sont toujours portés manquants à ce jour, sur le territoire allemand. Les missions d’attaque au sol remplacent la chasse pure, que ce soit en soutien de l’offensive des Ardennes, l’opération Bodenplatte critiquée ouvertement par les pilotes, l’attaque du pont de Remagen par les Fw 190. Le recours fréquent aux témoignages directs des aviateurs, leurs journaux intimes ou correspondances, qu’elle soit d’époque ou plus récente, ajoute une véracité et une authenticité au récit.
L’écriture est fluide et agréable, avec des tournures de phrase variées pour éviter les redites dans ce type de chronique où les événements vécus sont répétitifs. L’auteur belge rend aussi hommage à Hans G. BERGER, ancien pilote et commandant d’escadrille, et traducteur professionnel, dont la qualité du travail a bénéficié pour la haute tenue de cette chronique.
Les remerciements et les sources publiées de l’auteur occupent trois pages, tout au plus aurait-on souhaité, pour ceux qui désirent approfondir un sujet, des références précises d’archives, comme par exemple les messages captés et décodés par ULTRA, cités à plusieurs reprises.
Un index onomastique des six volumes publiés parachève l’œuvre, en 21 pages.
Côté illustration, le haut niveau placé dans les précédents volumes reste maintenu, tant par la quantité (141 photos N&B) et par la rareté. Plusieurs cartes permettent de mieux appréhender les différents secteurs géographiques abordés, et d’avoir une bonne visualisation des aérodromes et des principaux lieux cités.
L’impression est faite sur un papier de qualité, avec une épaisse couverture cartonnée servant d’écrin à un ouvrage d’excellente facture, qui ne dépareillera pas des autres volumes de cette excellente chronique. Faut-il le rappeler, en français, ce qui est assez rare pour des études de cette qualité.
Jocelyn Leclercq
224 pages, 30 x 22cm, couverture rigide