Par « IA » dans le titre, il faut bien entendu lire Intelligence Artificielle.
C’est un vaste sujet, chaque jour toujours plus présent dans notre vie. Dans l’aéronautique, cela va de la conception des avions, de leurs moteurs et de leurs systèmes à la gestion du transport de passagers, en passant par la formation des hommes et des femmes qui contribuent à faire fonctionner ce très large éventail.
Pour citer Catherine Jestin (Airbus Executive Vice President Digital) dans sa préface « Ce livre blanc est une invitation à explorer ensemble les usages possibles de l’intelligence artificielle dans l’aéronautique et à ouvrir un dialogue constructif sur son intégration dans notre écosystème. En avançant de façon coordonnée, nous avons l’opportunité d’assurer la durabilité de notre industrie tout en continuant à innover pour les générations futures. »
C’est donc un instantané que l’on nous présente, un état des lieux avec éventuellement rappel du passé qui nous y a conduit, et surtout les évolutions envisagées et envisageables (prévisions de croissances, contraintes nouvelles…). Si les perspectives peuvent être enthousiasmantes, l’exposé reste prudent : l’IA est difficile à intégrer en aéronautique car parfois contradictoire avec la recherche d’une fiabilité extrême, tout en représentant un marché de niche par rapport aux profits qu’elle génère dans le monde de la prospection commerciale et de la publicité ciblée. La frugalité (coût environnemental) indispensable est aussi fréquemment rappelée.
Le texte est d’une grande clarté. Outre quelques notes de bas de page, toutes les références sont citées dans l’exposé en utilisant des d’index entre crochets [1], [2], [3], etc. qui permettent de de reporter, en fin d’ouvrage, à une impressionnante bibliographie de 6 pages (ouvrages, rapports, études…) organisée par chapitres.
Pour dynamiser le texte, on trouve comme marques d’étapes toute une série d’exemples dans des encadrés « On l’a déjà fait » , « Un frein majeur » , « Et pourquoi pas ? » , et de courts entretiens avec des personnalité marquantes. On se focalise également sur une demi-douzaine de « zooms » qui peuvent être concernés par l’IA :
– traînées de condensation ;
– carburant d’aviation durable ;
– optimisation de la gestion de la navigabilité (processus CAMO, Continuing Airworthiness Management Organisation)
– ciel plus intelligent et plus durable (initiative SEZAR, qui intègre l’IA dans la recherche, et BeCoM, projet novateur de régulation climatique des vols)
– réconciliation IA et recherche opérationnelle ;
– enrichissement, fluidification et personnalisation de l’expérience passager.
Table des matières (grands chapitres) :
* Paysages de l’Aéronautique et de l’IA
* Marché du transport aérien
* L’impact de l’IA sur le cycle de vie du produit Avion
* Une boussole pour une transformation opérationnelle par l’IA
* Vers la démocratisation de l’usage de l’IA
En annexes, outre la très riche bibliographie déjà mentionnée, accessible également par un QR-Code, on trouve un glossaire d’abréviations, souvent anglo-saxonnes bien entendu. Sur ce plan linguistique, signalons « just for fun » le clin d’œil éditorial en bas de page 2, Cépaduès s’excusant d’avance « auprès de M.Jacques Toubon et du lecteur francophile » pour les anglicismes fréquemment utilisés dans cet ouvrage. Notons également que si la couverture en couleur de ce livre blanc a été réalisée via l’Intelligence Artificielle, on ne pouvait pas en attendre moins pour un tel sujet, il est bien précisé qu’elle a été composée par « Pierre-Etienne Legoux avec ChatGPT » .
Pour ce qui est des auteurs, dont vous avez peut-être cherché les noms en en-tête de cette présentation qui paraît anonyme, on pourrait penser que ce livre blanc laisserait immaculée la liste des contributeurs et contributrices. Il faut en fait se reporter page 151 pour trouver qui a participé à ce « Collectif IA pour l’aéronautique », toutes de prestigieuses signatures du monde de l’aérien. Cette annexe présente également les noms des 14 relecteurs et relectrices, ce qui est à noter car respectueux de leur travail, ainsi que les 6 personnalités (industrie, écoles, recherche…) dont on trouve, ainsi que nous l’avons indiqué, une petite interview au fil du texte.
Au final, nous avons entre les mains un travail remarquable qui nous réconcilie avec les capacités de l’IH. Vous savez, l’Intelligence Humaine…
Jean-Noël Violette