Fréderic Gil a publié pratiquement simultanément, en 2025, deux ouvrages consacrés à la Royal Air Force. Le premier était consacré à la formation des aviateurs. Ce volume-ci lui permet de raconter avec force détails les activités des chasseurs de nuit de la R.A.F., missions défensives dans un premier temps, mais également offensives, celles-ci souvent rassemblées sous l’appellation générale d’intruder.
L’ouvrage totalise presque 600 pages, et confirme l’impression d’une recherche extrêmement poussée, principalement dans les sources écrites de la R.A.F. aux archives nationales à Kew (Londres), mais également dans les enregistrements oraux des anciens aviateurs, et par une abondante lecture des biographies, autobiographies et autres publications sur ces sujets.
Le livre étudie à la fois la technique des radars, balbutiante, les différents comités, l’organisation et les doctrines d’emploi, les unités et les aviateurs concernés, les opérations et les engagements, avec notamment le recours fréquent à la traduction des rapports de combats. On trouve de nombreux graphiques et des statistiques compilées par l’auteur, afin d’aider le lectorat à mieux comprendre l’évolution de cette guerre d’un type nouveau. Les fausses bonnes idées, souvent imposées par le monde politique, idéalement incarnées par les avions Turbinlite, sont clairement étudiées et leur inefficacité bien démontrée.
L’ouvrage est clairement découpé : une première partie sur la chasse de nuit comme outil défensif, qui couvre plus de la moitié de la pagination. Suit un second volet sur l’usage offensif des chasseurs nocturnes, avec les explications précises des limites imposées par le non-emport au dessus des pays occupés par le IIIème Reich des technologies trop avancées. Une troisième partie d’une bonne vingtaine de pages est consacrée aux avions de la R.A.F, le Hawker Hurricane aurait pu y trouver une petite place. Enfin 17 annexes sur 100 pages complètent le livre, suivies d’un glossaire, des conventions retenues par l’auteur, une bibliographie s’étalant sur 10 pages, et l’index des rapports et transmissions traduits en français et disséminés au fil du livre, pour en illustrer les propos.
Plus de 1000 notes de bas de pages donnent les références exactes des informations données dans le corps du texte. Quelques illustrations en noir et blanc ponctuent l’ouvrage, pour l’essentiel montrant matériels et avions. On rappellera au passage que s’agissant d’une publication à compte d’auteur, le recours à une abondante iconographie en couleurs ou dans un encart séparé sur un papier spécifique aurait grevé les coûts de fabrication et donc de vente du livre. Nous avons affaire ici au travail d’un passionné, représentant des années de recueil d’informations, et qui se retrouveront à un moment ou à un autre dans les différents livres qui sont en préparation, et qui sont parfois évoqués en bas de page.
L’évolution d’après-guerre est esquissée, avec le passage de la chasse de nuit à la chasse tout-temps, mais l’auteur démontre bien que les fondations d’un nouveau mode de conflit aérien ont bien été posées pendant la deuxième guerre mondiale, et que la Royal Air Force était en première ligne.
Cette publication confirme l’expertise de Fréderic Gil sur les sujets liés à la Royal Air Force pendant la deuxième guerre mondiale.
Jocelyn Leclercq