Jean-Claude Ragaru, féru d’aérostation et d’histoire, nous avait déjà à la fois instruits et déridés avec ses précédents ouvrages. Il continue sur sa lancée avec ce savoureux Canards, coqs et moutons où sont évoqués avec un rare luxe de détails les balbutiements du vol humain, bien loin de la traditionnelle image d’Épinal représentant un Montgolfier découvrant de façon fortuite le principe qui mènera à la réalisation de ballons à air chaud.
L’auteur, qui parvient à nouveau à se montrer pédagogue tout en demeurant fraîchement malicieux, utilise et reproduit des fragments de gazettes de l’époque 1782-1785. Cette démarche a le grand mérite de nous éclairer sur la manière dont on pouvait, au siècle des Lumières, percevoir ces événements rêvés depuis des millénaires. « Et le titre ! » me direz-vous. Eh bien peut-être faut-il se souvenir qu’à l’instar des premiers vols spatiaux dont chiens et singes firent les frais, les savants de la fin du XVIIIe siècle firent « profiter » de leurs aériennes découvertes quelques animaux avant de s’embarquer eux-mêmes en montgolfière ou en charlière* pour un voyage aérien enfin envisageable.
On pourra certes sourire franchement à la lecture de l’évocation des réactions de certains de nos ancêtres voyant en ces innocents ballons de dangereux monstres ; on apprendra cependant beaucoup, car l’auteur est friand de détails historiques. Bref, on n’est pas du tout obligé d’être un fervent de l’aérostation pour se régaler à la lecture de ce bien aimable livre… non exempt d’une certaine érudition.
Philippe Ballarini
162 pages, 14,5 x 21 cm, broché
* charlière : ballon à gaz, invention du physicien Jacques Charles.