Printemps 1944. Pour limiter les risques déjà importants de l’opération Overlord, les Alliés mettent en œuvre le Transportation Plan visant à empêcher les Allemands d’envoyer des renforts en Normandie lorsque l’attaque aura commencé. Des raids aériens sont lancés afin de détruire les nœuds ferroviaires en France et en Belgique. Or, les gares de triage sont proches d’agglomérations urbaines. De plus, il n’est guère question à l’époque de « frappes chirurgicales » : en dépit des progrès effectués, la précision des bombardements est toute relative.
Parmi les cibles dévolues au Bomber Command, le triage de Rouen-Sotteville, dans les faubourgs de Rouen, figure en bonne place. Dans les premières heures du 19 avril 1944, des Lancaster déversent plus de 4000 bombes, transformant la cité rouennaise et sa banlieue en un champ de décombres, avec son chapelets de morts, de blessés, de disparus et de sans-abri.
Cette opération a laissé un souvenir amer chez bon nombre de Rouennais (qui auront encore à subir d’autres bombardements alliés lors de la « semaine rouge » de la fin mai 1944), ainsi que des sentiments pour le moins mitigés quant au bien-fondé et au déroulement de ces opérations si destructrices pour leur cité naguère si belle, et si coûteuses en vies humaines. Bien entendu, la propagande vichyste et la presse d’occupation n’ont pas manqué, ici comme ailleurs, de se saisir de cette opportunité pour dénoncer la prétendue « barbarie » des Alliés.
Tant d’approximations, tant de souvenirs erronés (comme celui de l’usage de bombes incendiaires), tant de fausses rumeurs circulaient encore, que Paul Le Trevier et Daniel Rose se sont attachés à mener une enquête aussi minutieuse que rigoureuse sur ces dramatiques événements, recueillant des témoignages, les confrontant aux archives (tant en France qu’au Royaume-Uni), aux rapports de mission, et consultant de nombreux documents. Leur ouvrage se veut dépassionné et aussi peu partisan que possible. Il permet de toute évidence d’appréhender cette mission par le détail, mais aussi de mieux en comprendre les raisons, les tenants et les aboutissants, avec force documents, photographies, cartes, plans, et surtout, sur 34 pages, l’essentiel des rapports de mission disponibles.
Philippe Ballarini
160 pages, 16 x 24 cm, couverture souple
0,493 kg